Valérien Côté de Cap-Chat – prospecteur minier et lapidaire (extraits tirés du Magazine Agir, Mai 2005)
Il a fait son cours technique en électricité à Rimouski, mais il a dédié sa vie à la prospection. C'est une passion qui coûte cher. Pour trouver, il faut chercher : ça prend de la ténacité et des « bidoux »! Alors, il a pris les moyens en devenant hôtelier pour financer ses travaux d'exploration. « Mon élan était tellement fort ! », dit-il. Il est prospecteur depuis presque 40 ans et il est aussi lapidaire, pratiquant avec un plaisir toujours grandissant la transformation des pierres semi-précieuses et des minéraux qu'il trouve. Excellent communicateur, il a aussi donné des cours pendant deux ans. M. Côté est un collectionneur émerveillé, qui connaît comme pas un les minéraux et les métaux, les cristaux et les pierres fines.
Valérien Côté a fait de la prospection en Abitibi, à la recherche de nickel, mais c'est surtout en Gaspésie qu'il prospecta. Il a pratiqué un peu son métier d'électricien, un travail qu'il adorait pourtant, mais il est vite revenu dans son patelin natal pour y tenir d'abord le Menuet, et plus tard les cabines Goémons sur Mer...
Un peu d'histoire et de préhistoire...
Le nord de la Gaspésie connut en 1963 un boom minier tel que Sainte-Anne-des-Monts ne pouvait accueillir tout le monde. M. Côté hébergea à son hôtel un vieux prospecteur chevronné de Timmins, Ontario, un vrai personnage hollywoodien qui l'initia aux rudiments : tirer des lignes, délimiter un territoire propice, déceler les indices prometteurs. C'était un « wheeler and dealer », rouleur (ouvrier qui roule le minerai) et très habile négociateur de droits miniers. Il connaissait tous les rouages et il communiqua son enthousiasme au jeune hôtelier qui fut son compagnon de brousse pendant un an. « Vendre les indices, c'est ce qui nous faisait vivre », dit-il. C’est aussi ce qui le faisait vibrer.
Val Côté forma ensuite une petite compagnie avec un autre mordu, le Dr Gaétan Lemire, chirurgien, qui voyait dans l'industrie minière un moteur économique pour la région. Ils cher-chèrent d'abord des métaux de base, cuivre et zinc. Vers 1974, Yvon Pelle¬tier, qui avait découvert le gisement de cuivre exploité par Mines Made¬leine, permettant une longue période de prospérité à la région, fit cette re¬marque à M. Côté : « II y a peu de cher¬cheurs gaspésiens de pierres précieuses et fines à cause d'un manque de con¬naissance et d'intérêt ». Ça n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Je lui dois la qualité de mes connaissances sur les formations géologiques contenant des minéraux métalliques. Nous avons ensuite créé une petite entreprise d'explo¬ration de pierres précieuses et semi-pré¬cieuses, des cailloux que je barattais. M. Côté eut d'autres maîtres, dont Jean-Louis Robert, docteur en géolo¬gie et géologue-conseil. Son maître lapidaire fut l'abbé Charles Parent, curé de Capucins, d'un savoir presque encyclopédique.
Il rend un grand hommage à sa femme Monique, sans qui il n'aurait pu s'adonner à sa passion. Elle s'occu¬pait de l'hôtel et de leur fils pendant qu'il prospectait. C'est elle qui l'encouragea et qui lui permit de réaliser son rêve.
Aujourd’hui, à 74 ans, il a pris une retraite bien méritée avec sa femme Monique et compte bien rester actif encore longtemps. Il a maintenant passé le flambeau à Éric Bluteau et sa femme Danielle Duguay, nouveaux et heureux propriétaires de ce joyau au cœur de la Gaspésie
Bref historique des travaux en vue de découvrir une mine de pierres fines (par Valérien Côté, découvreur-fondateur)
J’ai débuté mes recherches dans le canton Lemieux, secteur Mont Lyall en 1974. La raison qui m’a amené à choisir ce territoire, c’est que la formation géologique était favorable pour une telle découverte. À cette époque, peu de prospecteurs gaspésiens s’intéressaient aux pierres gemmes.
De 1974 à 1980, les recherches étant d’environ 90 jours par saison à deux prospecteurs, nous n’avons localisé aucune concentration de pierres gemmes.
Afin de faciliter les recherches, s’en est suivi un déboisement très important sur une superficie de 700 hectares de 1979 à 1981. Durant cette période, plus de 72 travailleurs forestiers y trouvent un emploi, de nombreuses excavations sont faites à l’aide d’un bulldozer D-8, ce qui nous a permis, à l’automne 1981, de découvrir le premier indice intéressant.
Il aura fallu cinq ans avant de comprendre que nous étions en présence d’une coulée de lave et que la couche d’argilisation à trois mètres, soit le mort terrain, était l’horizon favorable pour découvrir les agates et géodes.
Depuis 1993, les gens peuvent visiter cette mine à ciel ouvert, découvrir une exposition de minéraux et ramasser eux-mêmes cette pierre formée dans la lave volcanique. Le premier animateur au camp d'accueil était un retraité de Cap-Chat, Jean-Paul Cameron, âgé de 72 ans.